Coralie de Boüard produit un vin rouge sans alcool avec les raisins de son domaine viticole situé à deux pas de Saint-Émilion, en Gironde. Une piste de réflexion face à la crise ?
Coralie de Boüard a créé le Prince Oscar, un vin désalcoolisé sur son domaine de Montagne Saint Emilion. (©actuBordeaux/Juliette Cardinale)
Par Juliette Cardinale
Il en a l’odeur, il se marie avec les mêmes aliments, il est fabriqué avec le même procédé… Et surtout il est, contre toute attente, un espoir pour affronter la crise viticole. Pourtant, le Prince Oscar n’est pas un vin de l’AOC Montagne Saint-Émilion. C’est un vin sans alcool produit par Coralie de Boüard sur le domaine qu’elle a acquis en 2026 à Montagne, en Gironde.
Des habitudes de consommation qui évoluent
Le Prince Oscar est vendu partout dans le monde : au Japon, en Corée, aux États-Unis, en Allemagne, aux Pays-Bas, et plus encore. De nombreuses caves françaises le distribuent, car il rencontre une véritable demande.
« Les habitudes de consommation ont changé, soit à cause du Covid, soit par une jeune génération qui fait plus attention », souligne Coralie de Boüard. Fille d’Hubert de Boüard, elle a fait ses armes au château Angelus, connu pour ses premiers grands crus classés.
Produit de la même manière
Le Prince Oscar est produit avec les mêmes raisins que le vin du château, le Clos de Boüard. « Il suit tout le procédé de vinification. Et après, il est désalcoolisé ».
« On prend le Clos de Boüard qui a fait sa fermentation. Lorsque son élevage en barrique est quasiment terminé, 3 à 4 mois avant la mise en bouteille, on expédie le vin jusqu’à la frontière allemande et on procède à la désalcoolisation entre 32 et 34 degrés », détaille la vigneronne.
“Vin désalcoolisé” ou “vin sans alcool” ?
Bien que ce soit l’usage courant, au sens légal du terme cette boisson n’est pas un “vin sans alcool” mais un “vin désalcoolisé”. Le monde du vin est très codifié et pour être nommé “vin”, il faut une teneur en alcool de 9%.
Il ne peut pas non plus avoir une appellation. Bien que produit à partir des mêmes vignes, le Prince Oscar n’est pas un Montagne Saint-Emilion comme le Clos de Boüard.
Une résine capture les arômes avant le procédé, puis est réintégrée. « C’est comme un sachet de thé, les arômes se diffusent à nouveau. Les marqueurs du vin sont respectés et on arrive à avoir un produit qui, à l’aveugle, laisse penser que c’est du vin traditionnel », affirme-t-elle.
« Quand on enlève l’alcool, c’est très acide. Alors, on corrige. Si on enlève 13,5° d’alcool, on met 13,5% de concentré », continue la vigneronne. Toujours un peu acide au premier abord, le vin s’assouplit après décantation en carafe. Bien que plus cher à la production, il est vendu au même tarif que le vin traditionnel du château.
Une aventure commencée par une commande
À l’origine, une commande des propriétaires qataris du Paris-Saint-Germain en 2019. « J’ai relevé le défi, mais je voulais prendre le temps. Je ne voulais pas entacher mon nom », souligne Coralie de Boüard.
« Il a fallu deux ans et demi de travail pour le premier millésime. J’ai cherché des prestataires capables de respecter le produit en amont. On m’a toujours appris à respecter la terre, la vigne, le jus puis le vin », rappelle celle qui appartient à l’une des grandes familles du vin de Saint-Emilion.
Le Prince Oscar, créé par Coralie de Boüard, a la couleur et le nez du vin. Mais il ne contient pas d’alcool. (©actuBordeaux/Juliette Cardinale)
Coralie de Boüard a testé des solutions de désalcoolisation en France sans conviction. « Pour l’instant, l’Allemagne a quelques années d’avance sur nous. C’est la solution qui me correspond le plus. »
Un succès inattendu
« J’ai fait 35 000 bouteilles pour le PSG et je pensais que ce serait tout. Ensuite, la médiatisation m’a fait prendre conscience qu’il y avait une demande, qu’il y avait quelque chose qui se préparait », se souvient-elle.
La première année, 10 000 bouteilles du Prince Oscar ont été vendues en plus de la commande envoyée au Paris-Saint-Germain. Aujourd’hui, 50 000 bouteilles sont vendues par an, sur les 220 000 produites au château.
Un pourcentage considérable qui lui permet d’affronter une crise viticole profonde. « L’inflation, la guerre et le Covid prolongé en Asie qui a habitué les citoyens à vivre avec les produits locaux », cible Coralie de Boüard. « Les Chinois aujourd’hui, s’ils achètent du Bordeaux, c’est du Lafite ou du Mouton. » Et les épidémies de mildiou l’été dernier et les arrachages sanitaires dans le vignoble girondin n’ont pas arrangé les choses.
Un grand public demandeur
Si le Prince Oscar rencontre autant de succès, c’est qu’il s’adresse à un large public parfois oublié. « On a des clients qui ne boivent pas la semaine. Le vin désalcoolisé leur permet de se faire plaisir et de partager un moment de convivialité autour d’une table », explique Coralie.
Le mois sans alcool qui gagne en popularité chaque année n’a finalement qu’un petit impact sur les commandes. « Nous avons eu 1 200 commandes à l’ouverture du Dry January, mais c’est tout. Le reste est étalé sur l’année », affirme Coralie de Boüard.
Contactée par des chefs pour mettre le Prince Oscar à leurs cartes, Coralie anime aussi des dégustations à Paris pour les femmes enceintes et allaitantes. Parmi ses autres clients, les grands sportifs ou les diabétiques notamment.
Elle souhaite développer son offre. Coralie de Boüard a appelé sa création « Prince » en référence au nom du stade du PSG et « Oscar » pour l’un de ses fils. Son deuxième « est un peu jaloux. » La vigneronne envisage donc d’appeler son futur vin blanc désalcoolisé le Prince Gaspard. « C’est mon nouveau défi », lance-t-elle.
La filière évolue
D’abord, l’idée de produire du vin sans alcool à deux pas des grands châteaux de Saint-Emilion a été très mal accueilli par ses confrères. « Au début, on m’a dit que je ne respectais pas la profession », souligne-t-elle.
Aujourd’hui, les avis ont changé. Coralie de Boüard n’est pas la seule à se tourner vers le vin sans alcool. Plusieurs coopératives viticoles investissent dans les technologies nécessaires en France et même en région bordelaise. Un nouveau marché qui représente peut-être une lueur d’espoir pour la filière.
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C’est vraiment intéressant de voir comment Coralie de Boüard a su répondre à l’évolution des habitudes de consommation avec son vin sans alcool, le Prince Oscar. C’est vrai que de plus en plus de personnes font attention à leur consommation d’alcool, que ce soit à cause du Covid ou par choix personnel. Je suis curieux de savoir comment elle arrive à préserver les arômes et le goût du vin malgré le processus de désalcoolisation. Est-ce que cela altère la qualité du vin d’une manière ou d’une autre ? Et est-ce qu’elle prévoit de développer d’autres variétés de vin sans alcool, comme elle le propose avec son projet de vin blanc désalcoolisé ?
Il est vrai que l’adaptation de Coralie de Boüard aux nouvelles habitudes de consommation est remarquable avec son vin sans alcool, le Prince Oscar. De nos jours, de plus en plus de personnes souhaitent réduire leur consommation d’alcool pour diverses raisons. Je suis également curieux de savoir comment elle réussit à préserver les arômes et le goût du vin pendant le processus de désalcoolisation. Est-ce que cette procédure altère la qualité du vin d’une quelconque manière ? Je me demande aussi si elle prévoit de développer d’autres variétés de vin sans alcool, comme elle l’a mentionné dans son projet de vin blanc désalcoolisé. Peut-être nous réserve-t-elle des surprises avec de nouvelles saveurs sans alcool à découvrir ?
Il est en effet intéressant de voir comment Coralie de Boüard parvient à préserver les arômes et le goût du vin pendant le processus de désalcoolisation. J’aimerais également savoir si cette procédure altère la qualité du vin de quelque manière que ce soit. De plus, je me demande si elle prévoit de développer d’autres variétés de vin sans alcool, comme le vin blanc désalcoolisé. Peut-être allons-nous être surpris par de nouvelles saveurs sans alcool à découvrir ? Comment pensez-vous que l’industrie du vin sans alcool évoluera à l’avenir ?
Il est indéniable que Coralie de Boüard a réussi à conserver les arômes et le goût du vin lors de la désalcoolisation, mais il serait intéressant d’étudier si cela a un impact sur la qualité globale du vin. Serait-il possible de développer d’autres variétés de vin sans alcool, comme le vin blanc désalcoolisé ? Peut-être que de nouvelles saveurs sans alcool nous surprendront agréablement. Comment pensez-vous que l’industrie du vin sans alcool évoluera à l’avenir ?