Coralie de Boüard : un vin rouge sans alcool pour affronter la crise viticole
Coralie de Boüard produit un vin rouge sans alcool avec les raisins de son domaine viticole situé à deux pas de Saint-Émilion, en Gironde. Une piste de réflexion face à la crise ?
Des habitudes de consommation qui évoluent
Le Prince Oscar est vendu partout dans le monde : au Japon, en Corée, aux États-Unis, en Allemagne, aux Pays-Bas, et plus encore. De nombreuses caves françaises le distribuent, car il rencontre une véritable demande.
« Les habitudes de consommation ont changé, soit à cause du Covid, soit par une jeune génération qui fait plus attention », souligne Coralie de Boüard. Fille d’Hubert de Boüard, elle a fait ses armes au château Angelus, connu pour ses premiers grands crus classés.
Produit de la même manière
Le Prince Oscar est produit avec les mêmes raisins que le vin du château, le Clos de Boüard. « Il suit tout le procédé de vinification. Et après, il est désalcoolisé ».
« On prend le Clos de Boüard qui a fait sa fermentation. Lorsque son élevage en barrique est quasiment terminé, 3 à 4 mois avant la mise en bouteille, on expédie le vin jusqu’à la frontière allemande et on procède à la désalcoolisation entre 32 et 34 degrés », détaille la vigneronne.
“Vin désalcoolisé” ou “vin sans alcool” ?
Bien que ce soit l’usage courant, au sens légal du terme cette boisson n’est pas un “vin sans alcool” mais un “vin désalcoolisé”. Le monde du vin est très codifié et pour être nommé “vin”, il faut une teneur en alcool de 9%.
Il ne peut pas non plus avoir une appellation. Bien que produit à partir des mêmes vignes, le Prince Oscar n’est pas un Montagne Saint-Emilion comme le Clos de Boüard.
Une résine capture les arômes avant le procédé, puis est réintégrée. « C’est comme un sachet de thé, les arômes se diffusent à nouveau. Les marqueurs du vin sont respectés et on arrive à avoir un produit qui, à l’aveugle, laisse penser que c’est du vin traditionnel », affirme-t-elle.
« Quand on enlève l’alcool, c’est très acide. Alors, on corrige. Si on enlève 13,5° d’alcool, on met 13,5% de concentré », continue la vigneronne. Toujours un peu acide au premier abord, le vin s’assouplit après décantation en carafe. Bien que plus cher à la production, il est vendu au même tarif que le vin traditionnel du château.
Une aventure commencée par une commande
À l’origine, une commande des propriétaires qataris du Paris-Saint-Germain en 2019. « J’ai relevé le défi, mais je voulais prendre le temps. Je ne voulais pas entacher mon nom », souligne Coralie de Boüard.
« Il a fallu deux ans et demi de travail pour le premier millésime. J’ai cherché des prestataires capables de respecter le produit en amont. On m’a toujours appris à respecter la terre, la vigne, le jus puis le vin », rappelle celle qui appartient à l’une des grandes familles du vin de Saint-Emilion.
Coralie de Boüard a testé des solutions de désalcoolisation en France sans conviction. « Pour l’instant, l’Allemagne a quelques années d’avance sur nous. C’est la solution qui me correspond le plus. »
Un succès inattendu
« J’ai fait 35 000 bouteilles pour le PSG et je pensais que ce serait tout. Ensuite, la médiatisation m’a fait prendre conscience qu’il y avait une demande, qu’il y avait quelque chose qui se préparait », se souvient-elle.
La première année, 10 000 bouteilles du Prince Oscar ont été vendues en plus de la commande envoyée au Paris-Saint-Germain. Aujourd’hui, 50 000 bouteilles sont vendues par an, sur les 220 000 produites au château.
Un pourcentage considérable qui lui permet d’affronter une crise viticole profonde. « L’inflation, la guerre et le Covid prolongé en Asie qui a habitué les citoyens à vivre avec les produits locaux », cible Coralie de Boüard. « Les Chinois aujourd’hui, s’ils achètent du Bordeaux, c’est du Lafite ou du Mouton. » Et les épidémies de mildiou l’été dernier et les arrachages sanitaires dans le vignoble girondin n’ont pas arrangé les choses.
Un grand public demandeur
Si le Prince Oscar rencontre autant de succès, c’est qu’il s’adresse à un large public parfois oublié. « On a des clients qui ne boivent pas la semaine. Le vin désalcoolisé leur permet de se faire plaisir et de partager un moment de convivialité autour d’une table », explique Coralie.
Le mois sans alcool qui gagne en popularité chaque année n’a finalement qu’un petit impact sur les commandes. « Nous avons eu 1 200 commandes à l’ouverture du Dry January, mais c’est tout. Le reste est étalé sur l’année », affirme Coralie de Boüard.
Contactée par des chefs pour mettre le Prince Oscar à leurs cartes, Coralie anime aussi des dégustations à Paris pour les femmes enceintes et allaitantes. Parmi ses autres clients, les grands sportifs ou les diabétiques notamment.
Elle souhaite développer son offre. Coralie de Boüard a appelé sa création « Prince » en référence au nom du stade du PSG et « Oscar » pour l’un de ses fils. Son deuxième « est un peu jaloux. » La vigneronne envisage donc d’appeler son futur vin blanc désalcoolisé le Prince Gaspard. « C’est mon nouveau défi », lance-t-elle.
La filière évolue
D’abord, l’idée de produire du vin sans alcool à deux pas des grands châteaux de Saint-Emilion a été très mal accueillie par ses confrères. « Au début, on m’a dit que je ne respectais pas la profession », souligne-t-elle.
Aujourd’hui, les avis ont changé. Coralie de Boüard n’est pas la seule à se tourner vers le vin sans alcool. Plusieurs coopératives viticoles investissent dans les technologies nécessaires en France et même en région bordelaise. Un nouveau marché qui représente peut-être une lueur d’espoir pour la filière.
C’est intéressant de voir comment les habitudes de consommation évoluent et comment cela impacte l’industrie viticole. Je pense que Coralie de Boüard a pris une décision intelligente en produisant un vin rouge sans alcool pour répondre à cette nouvelle demande. Il est intéressant de noter qu’elle utilise les mêmes raisins que pour son vin traditionnel, mais qu’elle procède ensuite à la désalcoolisation. Cela permet de préserver les arômes et le goût du vin tout en éliminant l’alcool.
Je me demande si la désalcoolisation affecte la qualité du vin d’une manière ou d’une autre. Est-ce que le processus de désalcoolisation modifie les caractéristiques du vin, ou est-ce qu’on obtient toujours un produit de haute qualité ? De plus, j’aimerais savoir si le vin sans alcool a les mêmes propriétés bénéfiques pour la santé que le vin traditionnel, comme les antioxydants.
Il est encourageant de voir que le Prince Oscar rencontre un tel succès et qu’il s’adresse à un public varié. Il semble y avoir une demande pour ce type de produits, que ce soit pour les personnes qui ne boivent pas d’alcool, les femmes enceintes, les diabétiques ou les sportifs. Cela montre qu’il y a un potentiel pour ce marché et peut-être une opportunité pour d’autres producteurs de vin sans alcool.
Enfin, il est intéressant de noter que d’autres coopératives viticoles investissent dans les technologies nécessaires pour produire du vin sans alcool. Cela indique que l’industrie viticole est pr
ête à s’adapter aux nouvelles tendances de consommation et à répondre à la demande croissante de vins sans alcool. Cependant, il serait également intéressant d’explorer les méthodes alternatives de production de vins sans alcool, telles que la fermentation naturelle à faible teneur en sucre, afin de préserver les caractéristiques uniques du vin traditionnel. Cela permettrait de garantir que le vin sans alcool conserve les mêmes qualités gustatives et aromatiques que son homologue alcoolisé.
En ce qui concerne les propriétés bénéfiques pour la santé du vin sans alcool, il est vrai que les antioxydants présents dans le vin traditionnel sont souvent attribués à ses effets positifs sur la santé. Cependant, il est important de noter que la désalcoolisation peut également entraîner une diminution de ces antioxydants. Il serait donc intéressant de mener des recherches approfondies pour déterminer dans quelle mesure le vin sans alcool peut être bénéfique sur le plan nutritionnel.
Ma question pour toi est : penses-tu que cette tendance vers les vins sans alcool est temporaire ou bien elle va s’ancrer dans les habitudes de consommation à long terme ?
Je pense que la tendance vers les vins sans alcool a le potentiel de s’ancrer dans les habitudes de consommation à long terme. De nos jours, de plus en plus de consommateurs cherchent des alternatives plus saines et plus légères à leurs boissons préférées, et les vins sans alcool répondent à cette demande. De plus, avec l’amélioration des techniques de production et des saveurs des vins sans alcool, il est fort probable que de plus en plus de personnes soient séduites par cette option.
Cependant, pour que cette tendance devienne durable, les producteurs devront continuer à innover et à offrir des vins sans alcool de haute qualité qui préservent les caractéristiques gustatives et aromatiques du vin traditionnel. De plus, il sera important de mener des recherches pour mieux comprendre les avantages nutritionnels des vins sans alcool, afin de répondre aux attentes des consommateurs en termes de bien-être et de santé.
En fin de compte, l’avenir des vins sans alcool dépendra de la capacité de l’industrie à maintenir la qualité tout en répondant aux besoins changeants des consommateurs. Ma question pour toi est : as-tu déjà essayé un vin sans alcool et qu’en as-tu pensé ?